Vers un changement de paradigme dans le système de santé en RDC.

April 12, 2022 by PATH

Comment une feuille de route des investissements va accélérer la transformation numérique du secteur de la santé en République démocratique du Congo.

In line with the government’s vision for digital transformation of the health sector, the DRC Ministry of Health, Hygiene and Prevention and its partners at a roundtable in Kinshasa on March 9, 2022.

Le ministère de la Santé, de l'Hygiène et de la Prévention et ses partenaires au lancement de la table ronde de Kinshasa le 9 mars 2022 pour la feuille de route d'investissement dans l'informatique de santé. Photo : PATH/Anne Boher.

Un changement de paradigme est en cours en République démocratique du Congo (RDC). L'innovation technologique est en train de transformer l'ancien modèle de santé publique en un partenariat entre les patients et le corps médical, grâce aux technologies numériques, à la collecte et l’utilisation de données de meilleure qualité.

L’appropriation politique de la feuille de route chiffrée pour les investissements en santé numérique, soutenue par l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et PATH via le projet Digital Square, ouvre une nouvelle page pour la RDC. Adoptée officiellement par le ministère de la Santé publique, de l'Hygiène et de la Prévention (MSPHP) et par le Conseil national pour la couverture sanitaire universelle le 9 mars 2022, à la suite d'une table ronde organisée par PATH et à laquelle ont participé plus de 90 personnes issues du gouvernement de la RDC, des organisations partenaires et du secteur privé, cette feuille de route contribue à standardiser les différentes plateformes numériques de la RDC, former des milliers d'agents de santé et informatiser des milliers de centres de santé d'ici 2024.

Dans son discours d'ouverture, Emma Din, responsable de la santé maternelle et infantile pour l’USAID en RDC, a déclaré : "La pandémie de COVID-19 a montré l'importance et la nécessité de passer à des systèmes de communication et de données numériques solides. Ces solutions numériques nous permettent de partager des informations, d'intégrer et de visualiser les données dont nous avons tous besoin pour prendre des décisions et orienter nos ressources vers les véritables priorités."

USAID et PATH

Le projet Digital Square de PATH, financé par l’USAID, fournit une assistance technique et une expertise pour aider à combler le fossé de l'équité en matière de santé dans un pays où l'accès à des soins abordables et de qualité est en jeu. Selon le rapport 2021 de la Fondation Mo Ibrahim, la RDC se classe au 39e rang en Afrique en termes d'accès aux soins de santé - un recul depuis 2010.

Plus précisément, Digital Square est axé sur deux objectifs principaux :

  • Renforcer les capacités institutionnelles de l’ANICNS (Agence nationale d'ingénierie clinique et du numérique de la santé / National Agency for Clinical Engineering and Digital Health), en commençant par le personnel actuel du ministère de la Santé pour créer une base de connaissances, puis en soutenant l'ANICNS afin qu'elle puisse pleinement remplir son mandat de coordination et de promotion des interventions de santé numérique. Ce renforcement des capacités assurera la durabilité de l’action.
  • Appuyer le ministère de la Santé à hiérarchiser et prioritiser les investissements en santé numérique et ainsi garantir une coordination des financements et la mise en œuvre de la feuille de route.
The DRC’s Minister of Health, Hygiene and Prevention, Jean-Jacques Mbungai Mbdanda, speaks at the launch of the National Health Informatics Development Plan investment roadmap in Kinshasa. Photo: PATH/Anne Boher.

Le ministre de la Santé, Jean-Jacques Mbungani Mbdanda, s’exprime sur l’importance de la feuille de route d'investissement en faveur du développement de l'informatique de santé en RDC. Photo: PATH/Anne Boher.

“Les défis sont énormes, mais si vous voyez d'où nous venons et où nous sommes aujourd'hui, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre espoir.”
— Dr. Body Ilonga, ministère de la Santé de la RDC

Une étape décisive

La RDC est maintenant à une étape décisive : sous la direction du gouvernement, la feuille de route nécessitera un engagement soutenu de tous les partenaires de développement pour adhérer à ce processus, contribuer aux efforts de financement et aligner les futurs investissements en santé numérique sur les priorités nationales.

Plus précisément, elle demandera un renforcement global des capacités de l'ANICNS afin que l’agence puisse pleinement contribuer à la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle (CSU), conformément a la vision présidentielle pour la RDC et a son plan stratégique national. Le pays s'est en effet fixé cinq objectifs stratégiques clés, dont l'établissement de la gouvernance et la gestion de la CSU. Dans ce cadre, ANICNS assurera la gouvernance numérique et soutiendra le développement de la santé numérique et de l'ingénierie clinique en RDC.

"L'USAID est toujours disposée à soutenir le gouvernement de manière concrète et continuera à travailler avec notre partenaire PATH pour s'assurer qu'ANICNS soit outillée et équipée d'une architecture pour la sante numérique", a déclaré Din.

La mise en place de systèmes de santé numériques interopérables nécessitera l'utilisation d'une approche architecturale globale les autorités sanitaires et leurs partenaires, qui dessine les services d'information sur la santé, les processus, les composants, les activités et les politiques, et guide les exigences et principes guides par les meilleures pratiques dans ce secteur d’activité.

“Il y a un grand besoin de coordination pour rassembler les initiatives autour de la santé numérique”
— Edna Harimenshi, directrice des programmes de PATH RDC

« Il y a un grand besoin de coordination pour rassembler les initiatives autour de la santé numérique », a expliqué Edna Harimenshi, directrice des programmes de PATH RDC. "Grâce au travail remarquable de l'USAID à travers Digital Square, nous sommes en mesure de soutenir ANICNS, et de proposer une architecture d’entreprise pour l'écosystème de santé numérique de la RDC, pilotée par le ministère." »

Améliorer l'efficacité et la durabilité du système de santé congolais.

Digital Square travaillera avec le ministère de la Santé pour développer une architecture d'entreprise pour l'ensemble du système de santé. Cet outil permettra d'établir une connexion entre les fonctions commerciales au sein du système de santé et les technologies de l'information, les logiciels, le matériel, les flux de processus (entre les soins et la gestion des cas, la logistique et les diagnostics), et les besoins en ressources humaines. Le modèle aura besoin d'une aide à la mise en œuvre pour normaliser les outils de santé numériques utilisés dans le système de santé et pour organiser des formations à l'intention des prestataires de soins à différents niveaux de la pyramide sanitaire.

Le ministère de la Santé envisage de former 20 000 personnels de santé supplémentaires et d'informatiser 3 400 centres de santé d'ici 2024. Cet investissement permettra d'intégrer les différents outils de collecte de données pour les rendre interopérables et de renforcer la santé numérique au niveau communautaire.

"Il existe de nombreuses solutions qui doivent être pensées dans un système unique. Toutes ces expériences doivent se parler, sinon elles resteront des expériences disparates. Peut-être réussies, mais pas systémiques", a prévenu le Dr Jacques Kokolomami, membre du cabinet du conseiller spécial du Président de la République en charge de la CSU.

En RDC, le système d'information sur la gestion de la santé et le système intégré de surveillance et de réponse aux maladies transmettent tous deux des données de manière régulière. Bien que le système d'information sanitaire dispose d'un mécanisme établi de collecte et d'analyse des données à tous les niveaux, l'utilisation des données et le retour d'information restent faibles et varient selon les zones de sante. Parce que les statistiques sanitaires n’intègrent pas toutes les données, les décisions en matière de santé sont fondées sur des sources d’informations variables, parfois peu fiables, et ne reflètent donc pas toujours les véritables besoins et réalités du pays.

“Il existe de nombreuses solutions qui doivent être pensées dans un système unique. Toutes ces expériences doivent se parler, sinon elles resteront des expériences disparates. Peut-être réussies, mais pas systémiques”
— Dr Jacques Kokolomami, membre du cabinet du conseiller spécial

Vers l’e-santé communautaire

La mise en place d'un système robuste d'information de gestion de la santé, capable d'intégrer divers outils de collecte de données sur une même plateforme - et permettant ainsi une interopérabilité efficace - est un objectif ambitieux. Dans cette nouvelle architecture, les agents de santé communautaires resteront les acteurs clés de la transition de la collecte de données sur papier vers le numérique.

L’élaboration de normes écrites et de mécanismes d'orientation organisationnelle est désormais indispensable, tout comme l'augmentation du financement à tous les niveaux (en particulier communautaire) et le développement du soutien opérationnel, tout en assurant une formation à l'utilisation des données. En outre, le ministère de la Santé devra mobiliser des financements pour permettre à 516 zones de santé d’avoir accès à l’internet ; pour former du personnel de santé supplémentaire à l'utilisation des outils numériques ; et pour mettre en œuvre des protocoles normalisés d'assurance qualité des données à tous les niveaux.

"Il existe désormais un consensus clair sur le fait que des agents de santé connectés sont nécessaires pour atteindre nos objectifs ambitieux tels que la couverture santé universelle", a conclu le Dr Kokolomami. "Notre défi pour les années à venir est de veiller à ce que la technologie tienne ses promesses pour accélérer l'équité en santé en RDC."

Une version de cet article existe en anglais sur le site de PATH DRC.